Les députés ont largement adopté la proposition de loi de Mme Janvier intitulée : « Pour une prévention de l’exposition excessive des enfants aux écrans », le 6 mars dernier à l’Assemblée nationale. Les associations du Collectif attention, engagées dans la prévention des impacts du numérique dans la société, se réjouissent de constater qu’une prise de conscience a enfin éclos, mais souhaitent alerter les élus sur deux écueils majeurs dans l’attente du vote au Sénat :
– D’une part, une question centrale reste en suspens : de quelle prévention s’agit-il ? L’industrie du tabac a démontré par le passé comment contrôler un discours de prévention : il suffit de financer les structures qui le diffusent, et ainsi d’influencer leur discours. Le Collectif demande donc que soit ajouté à la loi l’obligation d’absence de tout conflit d’intérêt pour les personnes et les institutions en charge de la formation. L’actuelle campagne nationale de sensibilisation, cofinancée par l’industrie numérique, semble un modèle de préemption de la prévention : elle invite à « plonger dans les écrans » car « comme l’eau, c’est vraiment génial ».
– D’autre part, la volonté du gouvernement d’équiper toutes les écoles de France dès la maternelle de tablettes dites « éducatives », entre en totale contradiction avec l’objectif de cette loi, en sapant le travail de prévention. Sur le terrain, des collectifs de parents d’élèves et d’enseignants se montent partout en France (notamment une pétition d’ampleur à Poitiers, et le collectif national Coline) pour résister à la numérisation de l’éducation. Autant de citoyens effarés de voir l’école publique mettre dans les mains de leurs enfants des tablettes sans aucune justification pédagogique, mais dont la nocivité pour la santé et l’environnement fait consensus.
Comme l’ont demandé certains députés, cette proposition de loi devrait interdire la présence d’écrans dans les établissements scolaires pour les enfants de moins de six ans, donc dans les écoles maternelles, et bien sûr dans les crèches. Il conviendrait également de se montrer vigilant concernant l’exposition des élèves au-delà de six ans.
Alors que nos associations constatent chaque jour l’aggravation des retards de langage, des difficultés scolaires, des troubles de l’attention, du mal-être des enfants, de l’obésité, de l’addiction aux jeux vidéo, de l’exposition à des contenus choquants, du cyberharcèlement, de l’exposition aux ondes wifi et de tant d’autres maux tous directement liés à l’explosion du temps d’écran, toujours plus tôt, il est temps pour la puissance publique de marquer un choix clair entre la santé des enfants et leur développement intellectuel d’une part, et les profits de l’industrie numérique d’autre part. Il faut entériner dans la loi le principe d’une prévention conséquente, donc indépendante de l’industrie numérique, et la fin des écrans à l’école maternelle.
Les associations du Collectif attention :
Alerte écrans
Agir pour l’environnement
Chevaliers du Web
CoSE
Enfance – Télé : Danger ?
Lève les yeux
Priartem
Contact presse :
Yves Marry // yves@levelesyeux.com